PARTIE 12 – CHAPITRE 4
Je n’ai plus rien, nous n’avons plus rien, plus d’argent, plus d’effets personnels, tout a brûlé dans l’incendie. Pourtant, je n’ai jamais été aussi heureux, l’amour fait cet effet-là, comme si rien d’autre n’avait d’importance. La nuit tombe, ce soir, la ville sera notre terrain de jeux, et cet épicier de nuit sera notre première victime. Comment ne pas être ébahi par ce décolleté, si plongeant, si proéminent. Pendant que les yeux de ce pauvre épicier contemplent le travail parfait du chirurgien colombien, je remplis ma veste de bouteilles de vodka, un pistolet à billes, et autres élixirs exotiques. Il n’y voit que du feu, et notre petite soirée continue sous le signe de l’ivresse. Des rétroviseurs de voitures explosent sous nos coups de pied, des passants se font insulter gratuitement, des murs se font graffer, nous sommes d’horribles personnages en vadrouille apocalyptique. Le désir monte sous l’effet de l’alcool, on s’embrasse, s’enlace, mais notre lit conjugal n’est plus que cendres incandescentes. Alors au détour d’une ruelle, ce photomaton sera l’écrin de notre passion, et cette baise éthylique parsemée de flashes restera une des plus mémorables.